#37 Le Film du Weekend • Alita: Battle Angel

Synopsis :

Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé - elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer.

Alita-Battle-Angel-Cinema-Vojood-Media


Avant de vous présenter le film Alita : Battle Angel, je me dois de vous parler de l’œuvre originale, car le nouveau film de Robert Rodriguez est une adaptation du manga intitulé Gunnm. Gunnm est une série de Yukito Kishiro publiée entre 1990 et 1995 dans le magazine Business Jump, et entre 1995 et 1998 en version française chez Glénat. Dystopie basée sur une catastrophe naturelle due à la collision d’une météorite avec la Terre, amenant l’humanité au bord de l’extinction. Le monde se divise alors entre Zalem, une ville suspendue et réservée à l’élite et Kuzutetsu, la terre qui lui sert de décharge et où le reste de l’humanité survit dans la violence. Dans l’univers de Gunnm, Yukito Kishiro puise grandement dans les différents thèmes de la science-fiction, en abordant notamment les dérives de la nanotechnologie, par laquelle l’homme s’hybride à la machine pour se rapprocher de l’immortalité. Avec une vision très sombre du futur, l’auteur s’interroge sur les dérives de l’évolution de cette science, en particulier son impact au niveau social et individuel. Le transhumanisme a donc une place centrale tout au long des neuf tomes qui composent la série et est parfaitement retranscrit avec des dessins fourmillant de détails, rappelant parfois certaines œuvres Tsutomu Nihei, où machine se mêle à l’organique. Et c’est ce qui nous emmène à l’adaptation de Robert Rodriguez, Alita : Battle Angel, a-t-il réussi à retranscrire une œuvre à la violence très graphique et l’esthétisme si marqué ?

Alita-Battle-Angel-Cinema-Vojood-Media


Le moins que l’on puisse dire c’est que nous avions peu nombres de raisons de redouter une énième adaptation d’une œuvre japonaise par Hollywood et même si les premières images et bandes-annonces avaient de quoi rassurer les fans, les spectres de Dragon Ball Evolution ou encore de l’adaptation de Death Note hantent encore certains d’entre nous la nuit. À la tête de ce projet, James Cameron, mais trop occupé par les suites d’Avatar, il confie la réalisation à Robert Rodriguez, mais avec tout de même un scénario conséquent comme point de départ. Un scénario s’inspirant grandement et librement des trois premiers tomes de la série, tout en y ajoutant quelques éléments tirés dans la suite de l’histoire mais aussi certains OAV (original video animation).

La comparaison avec l’œuvre originale n’est pas à faire car le long métrage n’arrive que rarement à la hauteur de sa version papier, ce que nous propose Robert Rodriguez est une interprétation et non une adaptation de l’œuvre de Yukito Kishiro, certes les passages obligés sont respectés et les fans de la série les reconnaîtront facilement mais le film se veut plus tout public, moins mélancolique et dramatique. Quand je dis plus tout public, Alita : Battle Angel ne s’adresse pas aux mêmes destinataires que le manga, que ce soit dans les relations entre les différents personnages, l’atmosphère générale ou encore les décors, cette adaptation est beaucoup moins sombre que son modèle papier. Mais ces différences n’en font pas pour autant un mauvais film, bien au contraire.

Alita-Battle-Angel-Cinema-Vojood-Media


Avec une histoire aussi riche le film ne pouvait pas se permettre de perdre une seule seconde et ce que l’on remarque dès le début du long métrage c’est qu’il ne gâche aucune minute, il se passe constamment quelque chose à l’écran. Le réalisateur ne tente pas de facilement gagner du temps et chaque scène fait avancer l’intrigue, les personnages ou nous apporte encore un élément essentiel à la compréhension de cet univers si particulier. On ne s’ennuie donc jamais devant Alita : Battle Angel, le tout avec une histoire qui tient du début à la fin. Certes tous les personnages n’ont pas le même traitement à l’écran et certains sont éclipsés par les autres plus importants, mais rien qui n’empêche le réalisateur de nous offrir un univers tout aussi fascinant que vivant. Cependant la dernière demi-heure manque de cohérence comparée au reste du métrage, les événements s’accélèrent, devenant de plus en plus incohérents que ce soit l’histoire mais aussi le montage devenant beaucoup plus confus.

Avec un univers à l’esthétisme si marqué, comment se sort cette adaptation de Gunnm ? Visuellement Alita : Battle Angel ne souffre d’aucun défaut, certes les designs sont bien sombres et violents que dans l’œuvre de Yukito Kishiro, mais cela s’intègre dans une volonté de rendre le film plus accessible au tout public. Même certains détails, comme les grands yeux de l’héroïne, grosse crainte auprès des fans après les premières bandes-annonces, offrent un esthétisme atypique mais à laquelle on s’attache très vite. Le mélange entre acteurs réels, environnements et CGI est de qualité, pour un rendu parfois à couper le souffle comme par exemple l’excellent passage de Motorball.

Alita-Battle-Angel-Cinema-Vojood-Media


Alita : Battle Angel est un pur divertissement qui rebutera les grands fans de l’œuvre originale, mais il faut parfois faire la différence entre bonne adaptation et bon film. Le nouveau film de Robert Rodriguez n’est pas une bonne adaptation, loin de là mais ce n’était pas sa volonté première. Le film s’apprécie comme il est et on lui pardonne vite ces petits défauts. Alors allez le voir, faites vous votre propre avis et lisez le manga car il vaut aussi vraiment la peine, peut être qu’on en reparlera.