#13 Le bouquin du weekend • L'Attentat
Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a composé ce pseudonyme à partir des deux prénoms de son épouse. Il avouera lors d’une interview, que : "Porter ses prénoms comme des lauriers, c’est ma façon de lui rester redevable. Sans elle, j’aurais abandonné." C’est aussi un acte de militantisme dans un monde arabo-musulman conservateur, car il considère que : "Le malheur déploie sa patrie là où la femme est bafouée." Pour son implication politique et ses œuvres de renommées internationales, il devint Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres, sans compter la pléiade de prix qu’il reçut. Un grand homme qui impose le respect.
Imaginez, l’espace d’un instant, une journée banale à Tel Aviv. Vous êtes chirurgien et tout va bien. Plus tard, une jeune femme se fait exploser au milieu d’un restaurant. D’un coup, vous vous retrouvez à opérer des corps déchiquetés, au rythme du ballet macabre des ambulances. Des mains arrachées, des visages déchirés, l’hôpital ressemble à un champ de bataille.
"J’ai perdu des patients pendant que je les opérais. On ne sort pas tout à fait indemne de ce genre d’échecs. Mais l’épreuve ne s’arrêtait pas à ce niveau ; il me fallait en plus annoncer la terrible nouvelle aux proches du défunt qui retenaient leur souffle dans la salle d’attente."
Malgré la fatigue, le stress et la violente charge émotionnelle auxquels vous avez dû faire face, la nouvelle tombe, tel le couperet tranchant de la guillotine sur la nuque immaculée du condamné.
"C’est Naveed qui m’explique :
- Il ne s’agit pas d’une bombe, mais d’un attentat suicide. Tout porte à croire que la personne qui s’est fait exploser au restaurant est ta femme, Amine.
La terre se dérobe sous mes pieds. Pourtant, je ne sombre pas. Par dépit. Ou par désistement. Je refuse d’entendre un mot de plus. Je ne reconnais plus le monde où je vis."
Une histoire digne des meilleurs thrillers, d’une violence inouïe, racontée avec brio. Honnêtement, on ne peut qu’admirer cette œuvre magnifique, pour peu qu’on ait les tripes bien accrochées. Une tuerie !