#03 Le comics du mois • Magnéto Le Testament
Synopsis :
Du ghetto de Varsovie jusqu’au camp de concentration d’Auschwitz, l’homme que l’on connaîtra plus tard sous le nom de Magnéto lutte pour survivre.
Magnéto apparaît pour la première fois en septembre 1963 dans les pages de Uncanny X-Men #1 réalisé par les grands Stan Lee et Jack Kirby. Ce super-criminel aux pouvoirs magnétiques estime que les mutants sont trop souvent persécutés et qu’ils ne peuvent pas vivre en paix avec les hommes. Là où Charles Xavier, fondateur des X-Men, prône une coexistence pacifique entre les hommes et les mutants, Magnéto tente dominer le monde par la force dans le but de protéger ses semblables, ce qui créera bon nombre d’affrontements entre les camps. En 1976, le célèbre auteur Chris Claremont se voit confier le scénario de la saga X-Men, un poste qu’il occupera durant seize ans. Seize ans durant lesquels il enrichit l’histoire et les origines du personnage, le rendant plus complexe. Le plus grand ennemi des X-Men a désormais des origines juives et se révèle être un survivant des camps de concentration nazis. Des origines qui n’ont rien d’anodines, expliquant la haine de Max Eisenhardt, véritable nom de Magnéto, envers les hommes, un antagoniste qui ne veut pas reproduire les horreurs qu’il a vécues.
La mini-série dont je vais vous parler aujourd’hui, lève le voile sur la jeunesse de Max Eisenhardt, depuis la montée du nazisme en Allemagne jusqu’à la solution finale. Magnéto Le Testament n’est pas un comics de super-héros comme les autres, en effet les super-pouvoirs et autres grandes scènes d’actions laissent la place à un récit poignant et émouvant, mêlant les origines d’un des méchants les plus emblématiques de l’univers Marvel à des faits tristement réels. La saga X-Men ne manquait de nous rappeler, que ce soit dans les comics ou bien les films, le parallèle entre la peur et la persécution des mutants et la montée de l’antisémitisme ou encore du racisme. Comme je le disais un peu plus haut, ce sont ces événements qui ont marqué le jeune Max Eisenhardt et qui feront de lui le super-vilain que l’on connait tous, un super-vilain répétant les mêmes actions que ses bourreaux en définissant la race des mutants comme étant supérieure à celle des hommes.
Le récit nous dépeint donc l’enfer qu’a vécu le jeune juif pendant la Seconde Guerre Mondiale. En passant de sa jeunesse en Allemagne par les horreurs de la Nuit de Cristal, pogrom contre les juifs du Troisième Reich qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit, jusqu’à sa déportation à Auschwitz et son intégration dans les sonderkommandos, groupes chargés de dépouiller les corps gazés avant de les mettre dans les fours. Des événements atroces amplifiés par des traits durs ainsi que des images fortes, le dessin de Carmine di Giandomenico est diablement efficace, sublimé par la couleur de Matt Hollingsworth majoritairement teintée de marron et de gris. Une histoire se terminant par deux phrases « Par pitié. Plus jamais ça », deux phrases simples concluant le récit avec brio et qui laissera aux lecteurs un profond sentiment de tristesse à la fin de leur lecture.
En plus de la mini-série de Greg Pak, l’édition française de Panini Comics nous propose aussi un récit retraçant la vie de Dina Babbit. Survivante de la Shoah, Dina Babbit s’est longtemps battue dans le but de récupérer les portraits des prisonniers réalisés durant sa détention à Auschwitz. Un récit, intitulé Le Dernier Outrage présenté par Stan Lee, écrit par l’historien Rafael Medoff et illustré par Neal Adams et Joe Kubert, a été publié en 2009 peu de temps avant le décès de Dina Babbit qui, malgré de nombreux soutiens, n’a jamais pu terminer son combat. Un récit poignant s’ajoutant parfaitement à celui de Greg Pak et Carmine Di Giandomenico.
Magnéto Le Testament n’est vraiment pas un comics de super-héros, un comics à part, poignant, touchant dans lequel se mêle Histoire et fiction, qui nous montre que le genre super-héroïque n’est pas que synonyme de super-pouvoirs ou de capes. Au travers de ce récit son scénariste ainsi que son dessinateur nous délivrent un message fort sur de réels événements tout en donnant des origines tragiques à l’un des plus grands super-vilains de l’univers Marvel, et l’un de mes préférés. En revanche il ne sera peut-être pas adapté à tout le monde et je vous conseille d’avoir déjà lu quelques comics avant de vous attaquer à cette mini-série.
- Scénario : Greg Pak
- Dessins : Carmine Di Giandomenico
- Editeur : Panini Comics
- Collection : Marvel Dark
- Date de sortie : 28 mai 2014
- Pagination : 128 pages