#14 Le bouquin du weekend • Le Café de l'Excelsior
Maître de conférences en littérature et anthropologie à l'université de Lorraine, Philippe Claudel fut aussi professeur en prison et auprès d'adolescents handicapés. L'univers carcéral et les drames liés à la question migratoire sont d’ailleurs deux thématiques importantes sur lesquelles il travaille. Notons aussi qu’il fait partie de l'Académie Goncourt depuis janvier 2012.
Son livre Le Rapport de Brodeck lui valut le Goncourt des lycéens en 2007, le Prix des libraires du Québec (en 2008) et le Prix des Lecteurs du Livre de Poche (en 2009), tandis que son film, Il y a longtemps que je t’aime a été salué par le César du meilleur premier film et nominé au César du meilleur film et du meilleur scénario original en 2009.
Le Café de l’Excelsior est une plongé en enfance, avec sa part de nostalgie et de candeur. Le narrateur, de huit ans à peine, nous raconte son histoire avec son grand-père, tenancier de ce lieu hors d’âge. Au-delà du lien unique qui lie ses deux protagonistes, nous découvrons une histoire magnifique, raconté avec l’insouciance de l’enfant qui voit son grand-père comme un héros des temps modernes. On y découvre aussi une plume magnifique.
Philippe Claudel prend ici le lecteur par la main et l’emmène dans un univers métaphoré et coloré, teinté d’une poésie subtile, pour notre plus grand plaisir.
Extraits choisis :
"Je les regardais souvent, la bouche ouverte, ces créatures exotiques, ces êtres si différents de moi que je ne semblais à leurs yeux pas même exister, ainsi que me l’indiquait le bonjour joyeux que je leur lançais et que jamais ils ne me rendaient.
- T’en fais pas, petit, eux aussi ils vont aux cabinets."
"Tu n’as donc pas pu le guérir de sa maladie, ce petit ! lançait à mon adresse le plus enragé des bouffeurs de curé. Laisse-le donc tranquille, répondait Grand-père, il est notre ange qui rachète tous nos vices…"
"Grand-père bouclait L'Excelsior, descendait le rideau rouillé qui n'arrivait plus jusqu'au sol, et posait dessus un panneau offert par une marque de digestif fermé pour cause de... Jamais il n'écrivait la cause.
- Mes gars s'en fichent, le drame pour eux, ce n'est pas la cause, c'est la fermeture."
"La vie a passé. Je suis devenu un homme, c’est-à-dire peu de chose."